Ce coin de bocage normand est un pays comme ceux qu’aimaient les Druides : une immense étendue de bois, collines et vallées où l’arbre est Roi !
Type même du bocage avec ses chemins creux, ses routons, ses haies, ses villages, la configuration qui en réulte ne permet pas au touriste d’apprécier toutes les richesses de Champsecret. Aussi nous lui proposons ce guide très succint qui lui permettra de mieux connaitre et de découvrir notre commune.
Tout d’abord, pourquoi « Champsecret » ?
Depuis 1809 on l’écrit ainsi, mais autrefois on l’écrivait Champsegré comme on le prononce encore. L’origine la plus probable est « campus Segrei » ce qui signifie : Champ du Segreur. Le segreur était un fonctionnaire chargé de la garde des forêts. Le premier document où l’on croit retrouver le nom primitif de Champsecret est une capitulaire de Charlemagne datant de 802.
La paroisse de Champsecret commence à exister officiellement vers 1200 et le Fief de Champsecret est constitué en 1285.
Et maintenant un peu d’histoire.
On n’a jamais rien retrouvé à Champsecret qui puisse faire supposer que des hommes aient séjourné dans ces contrées avant les temps historiques.
Trois monuments peuvent se rapporter à la période gauloise antérieure à la conquête romaine :
- Le chemin de la Pierre qui Vire (du carrefour de belle arrivée à carabin gâté – carabin = sarrasin, gâté de l’anglais wasted = ravagé). La Pierre qui Vire Mégalithe aujourd’hui détruite consistait en un bloc rocheux volumineux en équilibre sur une roche naturelle dressé par les Druides en l’honneur du dieu Belen; il tournait sur sa base pour suivre la course du soleil.
- Le Routon de Lucé à la Coulonche ( qui part du carrefour de belle arrivée en droite ligne vers Bellou) dit chemin des sommiers. On y rencontre encore par endroit des restes de dallages romains.
- Le Camp refuge sur cette voie près de la petite étoile. Camp où l’on s’enfermait derrière des fossés et remblais de terre pour passer la nuit, camp que les romains appelaient Castella d’où le nom encore de chateau. La configuration du terrain en démontre encore l’existence, une fontaine l’alimentait d’où son nom de fontaine du château. Un camp identique aurait existé au village de la Chatérière (ce nom découle également de Castella) une pierre romaine appelée « Mercure » de 1m25 environ y a été découverte en 1850.
On a retrouvé des souvenirs Gallo-Romains :
Des moules de monnaies/pièces aux effigies gauloises et romaines sur le ruisseau de la Mousse en bas de la côte de la Lande Menue. Pour la plupart des archéologues on ne se trouverait pas devant la première industrie de Champsecret mais devant les restes de campements de faux-monnayeurs.
Vers le 5ème siècle
Des moines s’établirent dans la forêt d’Andaine.
Il existe encore des ruines d’un hermitage, cette région sauvage conserve encore ce nom. D’autres moines s’établirent aux environs de l’Etre Gouhier et de l’Etre Pelcoq.
St Lubin fut moine à l’ermitage avant d’être évêque de Chartres.
Du 11ème aux 15ème siècle
Champsecret se forme !
- Les noms de Buisson des Forges, Pont Brocard rappellent les nombreux Hauts Fourneaux primitifs.
- Les noms de Chesnais, Aulneaux, Buisson, Bois, Prises rappellent que Champsecret est sorti de la Forêt.
- Les noms de Fieffe du Four, Tuileries rappellent que la première industrie de Champsecret fut celle de l’argile abondante en forêt. Le vieux séchoir est le dernier souvenir de cette industrie.
Au 13ème siècle
L’industrie du verre apparaît : la Haute et la Basse Verrerie.
A la fin de la guerre de 100 ans, les anglais en se retirant ne laissent que des ruines, seul le village du Hamel aurait été crée par eux.
Au 16ème siècle
Le 16ème siècle marque le début d’un immense développement.
Vers 1517, le Seigneur de Champsecret construit son Chateau (côté Est du Vieux Logis) et l’entoure de Douves.
Et Champsecret prend son essor industriel, en 1525 aux petites forges à bras succèdent deux forges dites grossières (forges à eau).
Au 17ème siècle
Champsecret est un des centres métallurgiques les plus importants de la Basse Normandie.
Pour remplacer l’Eglise devenue trop petite, Louis Beruyer (Grand ami de Colbert) dote Champsecret d’une nouvelle église en 1682, elle sera contruite au milieu de l’ancien cimetière, dans la tour sera placée une statue de la vierge, patronne de la paroisse. De l’ancienne église ne subsiste qu’un baptisière du 13ème siècle et une croix avec un Christ grossièrement sculpté dans le granit qui est la croix de l’ancien cimetière. C’est le plus beau monument qui nous reste de l’histoire de Champsecret et l’un des plus anciens de la région.
La culture du chanvre permet une fabrique considérable de grosses toiles dite Toiles de Champsecret et chaque semaine se tient le plus important marché de toile de la région.
Les femmes de Champsecret font pendant quelques temps de la dentelle dite Point de France et plus tard le Point d’Alençon. Elles portent la coiffe normande spéciale au pays dite de Champsecret.
L’industrie du bois occupe un nombre considérable de bûcherons et charbonniers.
La boissellerie est l’industrie typique de Champsecret avec l’élevage, la culture, la pisciculture ( le Vivier), les marchands de Champsecret présente donc une activité très diversifiée et la population dépasse 7000 habitants.
En 1681 sur une liste de métiers on relève entre outre : des peltiers, filandiers, voyreriers (fabricants d’objets en verre) boissetiers, pisciculteurs…
Au 18ème siècle
La décadence commence, il suffit de se reporter aux registres des naissances : 177 naissances en 1735, 93 en 1745, 82 en 1840, 56 en 1875.
La révolution amène des scènes dramatiques, un fermier nommé Suscoq se cache pendant toute la terreur dans cette une roche en forme d’abri naturel. Cette roche conservera le nom de Suscoq.
Au 19ème et 20ème siècle
En 1871 au village du Cerisier, une chapelle du 17ème siècle est reconstruite.
Dans un vieux logis de Gros Douet, habite eu 19ème siècle le grand peintre La Touche. Il a tiré du pays la plupart des sujets de ses toiles et à l’exposition de 1908 il n’exposera pas moins de 40 panneaux consacrés à Champsecret et ses environs.
Près du bourg vécu Charles Léandre, artiste peintre et surtout caricaturiste de renommée mondiale (par sa caricature célèbre de la reine Victoria, il faillit créer un incident diplomatique entre la France et l’Angleterre).
Caricature de la Reine Victoria par Charles Léandre.